mardi 6 mars 2012

Remake ! bonbons, glaces, chocolats…

Citation du jour
"Nos vrais ennemis sont en nous-mêmes." (Jacques Bénigne Bossuet)



Ainsi naît ma colère !


Genèse pas comment commencer…


Ah ! oui. D’abord, il y eut le noir et blanc, des images lentes,
saccadées et silencieuses. Un cinéma muet, toussotant et crachant.
Pas très net, même un peu flou.
Trépignant, hésitant, tressautant, sous-titré et parfois dramatiquement drôle.
Des coups distribués dans tous les sens, à tour de rôle.
Puis lui vint la parole, au début bégayante et un peu folle. 


Des castings de magazine, faits de pin-up et de play-boys.


Un cinéma pop-corn, articulant et chantant, criant la douleur et la peur.
Le pauvre spectateur était souvent sauvé par l’entracte :
les braves esquimaux chauffaient l’ambiance.


Là, la la la…  les fictions musicales et les comédies animales formaient un cirque sans chapiteau.


Puis, la couleur vint impressionner la pellicule :
les cris ne suffisaient plus, il fallait voir le sang.
Que de faux-semblants…


L’entracte et les pop-corn


Certains firent de l’art un essai : plan serré ou plan large, travelling et plan séquence.
Le succès allait aux gros plans et aux multiplans tirant sur un grand singe.


Puis, plus de scoop ! Mais du cinémascope.


Oubliées mes liesses, oubliées mes lumières ; que de séances sans conséquence,
que de navrants péplums et de poursuites à fond la gomme…


L’entracte et les pop-corn


Galopant dans de grands espaces, des Indiens et des cow-boys, dans un décor carton-pâte,
dans un Ouest terne… très terne.


L’entracte : bonbons, glaces, chocolats…
  
Mais, mourir la corde au cou, d’une balle ou d’une flèche n’amusait plus personne.
Avec les multiplexes, là, il fallait du sensationnel !
Les catastrophes s’abattirent sur terre, sur mer, dans les airs :
dans les buildings, sur les bateaux, les sous-marins, les dirigeables et les avions.


L’entracte : bonbons, glaces, chocolats…

Des explosions de maquettes en cascade et profusion de cascades sur la moquette.


Alors, la menace vint du plus lointain de l’espace, là ou personne ne vous entend crier.


Ce fut la réalité, que la fiction dépasse.


Et la réalité dépasse les fictions…


Un os dans l’espace. Pourquoi pas un homme sur la lune ?


L’entracte : bonbons, glaces, chocolats…


Le cinéma, c’était des monstres, du sexe, du sang et des extras pas très terrestres.


Et des remakes et des remakes d’autres remakes… et vinrent les fesses estivales de Cannes.
Nombrilisme international, supermarché de la frime et remise de palme (pour une cane, c’est normal).


C’est l’horreur autour des marches, où se pressent et se compressent les photographes voulant immortaliser la montée des marches…
Tapis rouge, de promotion interne, où s’essuient les pieds ceux qui ont les pieds sales…
de cinéma. Ça, du cinéma ? Non. Du cirque, oui !


L’entracte : bonbons, glaces, chocolats…


Mesdames, Messieurs, le grand prix ne le sera plus…


Oui, ils revendiquent, en plus.


Je ne parle pas des pauvres intermittents.
Non, ce sont les larmes des pauvres producteurs et distributeurs qui voient leurs films s’effilocher sur la toile… DivX, divX, vous avez dit vix ? Comme c’est divX !


Là, croyez-moi, se sont des rôles de composition ou de décomposition, qui méritent vraiment le prix d’interprétation… 


Le ciné m’a toujours plu, du clap de début au clap de fin, même l’entracte et les pop-corn.
Quel outil magnifique que la cinématographie, pour raconter des histoires…
dans les mains des créateurs, bien sûr !
Alors que dans les mains des financiers, il est devenu mercantile…
Le voilà dérisoire, oubliant les cinéphiles, les transformant en cons (so) mateurs :
voyez, voyez, voyez, buvez et surtout… ACHETEZ !


L’entracte : bonbons, glaces, chocolats…


C’est leur nouveau credo, payer, payer, payer encore…


Vous ne pouvez pas…
Voyons, mais si : il y a le crédit ! Dans la pub, dans le film, même à l’entracte et sur les gobelets de pop-corn.
  
Vivement que tombe le mot …


 Fin (The end)


José Spéret ("Faire mieux la prochaine  fois", ouvrage à paraître).

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire