lundi 31 octobre 2011

09h15 le neuf-quinze de Daniel Schneidermann

Citation du jour
"Les chinois ? Qu'est-ce qu'ils vont nous mettre comme coups de pieds au cul ! L'ennui, c'est qu'ils ont plus de pieds qu'on a de culs." (Jean Rigaux)

09h15 le neuf-quinze

Après les indignés, les humiliés. Humilié, je me sens. Vous ne pouvez pas savoir. Tout le week-end, avec les passants, les commerçants, nous avons échangé des regards qui en disaient long, des soupirs humiliés. La Chine, évidemment. Quelle humiliation. Et je suis heureux de voir que tous les politiques qui assurent la permanence du pont de la Toussaint, sur les radios du matin, partagent mon humiliation. Au moins, sommes-nous humiliés ensemble. Sur RTL, un humilié (Lamassoure). Dans la salle des quatre colonnes de l'Assemblée, les députés se partagent entre pro et anti appel à la Chine, nous apprend Achilli, sur France Inter. Et quelques minutes plus tard, sur France Inter encore, un humilié (Bourlanges) ressuscite le spectre de la profonde humiliation que nous, l'Europe, avons infligée à la Chine, au XIX e siècle. Comment, vous ne vous en souvenez pas ? Mais l'humiliant Chinois, lui, a la mémoire longue. Le Chinois raisonne en millénaires, quand vous avez déjà oublié les programmes télé de la veille. En un siècle et demie, il a eu le temps d'ourdir sa vengeance. Il la tient.

Si l'appel à la Chine est un peu passé inaperçu dans l'enfumage des premiers commentaires (1) après "l'accord de la dernière chance" de mercredi dernier, il se rattrape depuis, et a repris la pole position. Pas une déclaration publique déormais, sans interrogation sur les "contreparties". Lesquelles ? Personne ne sait. Mais forcément terribles. Sur Rue89, Pierre Haski (ancien correspondant de Libé à Pekin) dresse le catalogue complet (2): environnement, commerce, monnaie, ventes d'armes (3). Sans oublier les symboles, bien sûr. Tiens, le Dalaï Lama, celui-là n'est pas près d'être reçu à Paris, ou nulle part, par quiconque. Lisez tout de même jusqu'au bout l'article de Haski, qui rappelle aussi que le gouvernement chinois, tout gouvernement chinois qur'il soit, devra aussi gérer une opposition "nationaliste", fort sourcilleuse sur le gaspillage des yuans publics. Ca relativise un peu les choses.

D'ailleurs, de grâce, si vous croisez un de ces jours un nationaliste chinois radin et sourcilleux, surtout dissuadez-le de regarder  notre émission de vendredi (4), et plus particulièrement l'acte 3. Il y entendrait deux discours scandaleux, ceux de Karine Berger, conseillère de Hollande et de Jacques Généreux, économiste du Parti de gauche. Tous deux tombent benoîtement d'accord: l'important de l'affaire, c'est que l'Europe va rouler les Chinois, et qu'ils seront fort heureux de se faire (un peu) rouler, se faisant toujours moins rouler que lorsqu'ils prêtent aux Américains. De la bombe, cette émission. Si vous voulez la regarder, dépêchez-vous. Par patriotisme européen, nous n'excluons pas de la désintégrer dans un délai non déterminé.

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