vendredi 5 novembre 2010

Borloo, Fillon, et les chroniqueurs de la Cour

Citation du jour
"La popularité, c'est la gloire en gros sous." (Victor Hugo)


Allez, un mot sur le feuilleton Borloo. Ne protestez pas, je sais que ça vous passionne. Je sais que vous n'en dormez plus, que vous vous relevez la nuit, pour savoir si Sarkozy a fait un signe à Borloo, ou un sourire à Fillon. Vous en perdez l'appétit. Vous n'en pouvez plus, de ne pas savoir si l'on va avoir, ou non, un "virage social". Alors je vous résume l'épisode d'hier : Sarkozy,en déplacement dans l'Aube, a "multiplié les compliments à Borloo". C'est dans tous vos journaux. Et la tribu des commentateurs politiques de commenter. Et de se perdre en hypothèses sur les raisons de ces compliments à Borloo, alors qu'il avait forcément donné des assurances à Fillon, pour que Fillon s'avance comme il s'est avancé, la veille su soir. Bref.
La seule chose que personne ne commente, c'est le fond de ces compliments à Borloo. Si Sarkozy a complimenté Borloo, c'est pour avoir, lors du Grenelle, résisté au "sectarisme" du tout-fluvial ou du tout-ferroviaire, au détriment du routier. Autrement dit, pour avoir laissé se construire de nouvelles autoroutes, ou avoir épargné aux poids lourds roulant sur autoroute le paiement d'une éco-taxe (pour savoir comment les jités avaient, à l'époque, dissimulé cette petite concession au transport routier, relisez donc notre enquête). Autrement dit encore, d'avoir été debout sur les freins, face aux revendications des écolos.
Pourquoi repenser ce matin à cet épisode des félicitations à Borloo ? Parce que je viens d'entendre, sur France Inter, Rocard reprocher pour la huit cent soixante douzième fois de sa carrière à un journaliste, de ne s'intéresser qu'à ses bisbilles avec Mitterrand, et pas à toutes les tâches ingrates accomplies au cours de sa carrière politique. En quoi il a parfaitement raison : les morceaux d'éloquence qui ressortent aujourd'hui du congélo pour chroniquer le combat de titans Fillon-Borloo, sont les mêmes, qui ont déjà servi pour Giscard-Barre, ou pour Chirac-Balladur. S'il y a bien une chose qui ne change pas depuis Rocard (et, plus loin, depuis le Versailles de Patrice Leconte) c'est la domination sans partage des chroniqueurs de la Cour sur l'ensemble de la vieille presse, et leur mépris d'airain pour les lointaines provinces, o&ug rave; l'on crève dans les marais.
Daniel Schneidermann

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