samedi 27 mars 2010

Gazette d'@rrêt sur images, n°118

Citation du jour
"Chaque mot écrit est une victoire contre la mort." (Michel Butor)

Gazette d'@rrêt sur images, n°118

Emission à haut risque, cette semaine. Nous avons souhaité vider l'abcès révélé par l'ampleur de "l'affaire Zemmour" (1). En déclarant que "la plupart des trafiquants sont des noirs et des arabes", le chroniqueur du Figaro a déchaîné un petit tremblement de terre médiatique. Indignation, convocations, réprimandes, menaces de procès : pourquoi tant de fièvre ? Sur le lien entre ethnies et délinquance, y a-t-il, comme l'affirme l'extrême-droite politique et médiatique, des vérités interdites ? Des mots que les journalistes tremblent d'utiliser ? Des chiffres tabous ? Ne souhaitant pas ajouter du bruit au bruit, nous n'avons pas invité Zemmour (désolé pour les fans), mais un journaliste du Monde, Luc Bronner, très bon connaisseur de ces questions, u n sociologue, Didier Lapeyronnie, et la démographe Michelle Tribalat, favorable à la création de "statistiques ethniques", qu'un grand nombre de ses collègues n'envisagent qu'avec des pincettes.

Verdict ? Vous tirerez de l'émission les conclusions que vous voudrez. Pour ma part, je sors du plateau avec une certitude très nette : non, sur la délinquance, sur la polygamie, sur le trafic de drogue, les journaux ne disent pas tout. Avant qu'il décide finalement d'écrire que les agresseurs récents d'un policier étaient de jeunes noirs, il faut entendre notre confrère du Monde raconter sa longue hésitation. Quant au sociologue, en relisant son livre, il a barré plusieurs détails sur les pratiques sexuelles des jeunes étudiés. Pourquoi ? Les raisons de l'autocensure sont-elles toujours mauvaises ? Eh bien, pas forcément ! En tout cas, elles sont parfois...surprenantes. Et il est exceptionnel que journalistes et sociologues acceptent, comme ici, de s'en expliquer. "Tout en parlant, je réalisais à quel point il est difficile de parler de ce sujet", me disait Luc Bronner, en sortant du plateau. Difficile, oui, mais...indispensable, me semble-t-il. Notre émission est ici (2). Ses meilleurs moments sont là (3).
Un petit mot sur la vie de notre site. Si vous souhaitez partager avec vos amis nos articles et nos émissions, vous avez désormais un instrument supplémentaire pour le faire. Nous venons de créer une page Facebook (4). Elle est là. A vous, désormais, de vous l'approprier.

Daniel Schneidermann

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire