dimanche 21 août 2011

L'art de la tartine

Citation du jour
"Le plus clair de mon temps je le passe à l'obscurcir." (Boris Vian)


L'art de la tartine


L'auteur de littérature ne rature pas assez.

Il faut donc revenir sur l'ouvrage sans cesse.
Faire l'économie de palabres pour éviter le verbiage.
Les mots rares sont rébarbatifs,
donnent souvent un ton qui tient plus du poncif.
Les descriptions précises -géologique, cartographique-
nous placent dans le contexte, mais nous sortent de l'action.
Ah, l'action ! (pas celle du CAC 40).


Le mouvement, le rythme et les rebondissements sont
plus attractifs qu'un bon vieux suspense.
Je hais ces livres où l'intrigue est présentée et dévoilée en début de récit.
Et après, on disserte avec des ronds de jambe ennuyeux et éprouvants pour revenir à l'intrigue qui n'est plus intrigante du tout.
Imaginez un pays où les auteurs se mettent en grève.
Voilà maintenant des livres, des nouvelles, des séries, des films écrits sous forme de SMS, sous forme "Wiki", avec des références aléatoires et souvent hasardeuses.


Je gage que, même en grève, tous ces auteurs ne pourront rester sans pianoter sur leur traitement de texte ou griffonner sur leur cahier. Pour certains, c'est une chose primordiale, vitale même.


 Je pense que ce n'est pas de gaieté de cœur que les auteurs et scénaristes américains -tout comme les cheminots, cette semaine- font grève... C'est sûrement dû à un problème plus terre à terre que les histoires qui les font vivre.
 Le mal n'est pas dans la tête, ni sous la ceinture, mais plutôt au niveau du portefeuille.


C'est l'automne, rien ne m'étonne. Mais les mots ne sont pas faits pour être pris en otage, les voyageurs non plus, d'ailleurs.
Alors, il y a grève et grève : les mots sont libres d'aller et venir par les ondes, les mails, les lettres... Et les voyageurs aussi sont libres d'être libres. Si les cheminots étaient bien avisés de les laisser voyager librement, voire gratuitement, je pense que les grèves feraient l'unanimité auprès de tous !
Vous voyez, les mots sont libres... Mais ces dernières lignes sont utopiques... de la pure fiction.
Les mots ne sont pas en grève, mais les lecteurs, oui.


José Spéret ("Faire mieux la prochaine fois", ouvrage à paraître)

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