"Le monde ne sera sauvé, s'il peut l'être, que par des insoumis." (André Gide)
La gazette d'@rrêt sur images, n° 104.
On reproche parfois aux médias d'être plus lents à traiter les acquittements, que les mises en examen des puissants. Arnaud Lagardère, lui, n'aura pas à se plaindre. Quelques minutes avant que sa mise hors de cause par le "gendarme de la Bourse" dans le délit d'initié de EADS ne soit officiellement connue, il était sur le plateau de Denisot, sur Canal+, tout sourire, tout en plaisanteries, sous les applaudissements. Quel suspense insoutenable ! Quand la grande nouvelle fut officielle, ce fut l'apothéose en direct. Regardez, séquence par séquence, ce grand moment de communication. (1) Nous avons voulu le décomposer, il le mérite. Enterrés, les 20 Heures ! Unanimement célébré comme l'émission à la mode, le "Grand journal" a retrouvé le chemin des vieilles recettes, des coups de com', des mises en scène frelatées. Comme si la dignité d'une émission ne pouvait pas survivre à son succès.
La langue de com' juvénile et scintillante de Lagardère est en avance sur son temps. Partout ailleurs, et notamment dans les radios du matin, c'est une langue de bois massive, à l'ancienne, celle d'un pouvoir impopulaire et d'une opposition rigidifiée, qui continue de se déployer. Comment s'y prennent donc les intervieweurs pour extorquer aux politiques quelques éclairs de sincérité ? Sur le plateau de cette semaine, trois orfèvres nous livrent leurs recettes. Regardez Jean-Jacques Bourdin (RMC), nous expliquer son coup de colère face à Rama Yade. Et écoutez Thomas Legrand et Nicolas Demorand (France Inter) expliquer pourquoi ils en sont venus à traduire en direct certaines réponses, sous les yeux de leur invité hébété. J'espère que vous aurez autant de plaisir à savourer ce moment de réflexion commune, que nous en avons eu à le préparer.
Daniel Schneidermann
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