mardi 29 mars 2011

J’ai grandi à l’ombre des mathématiques

Citation du jour
"Utiliser les maths comme outil de sélection est décidément une aberration. Sur quoi sélectionner alors? direz-vous. La vraie question est : Pourquoi sélectionner ? Et je ne connais pas la réponse."

(Albert Jacquard)


J’ai grandi à l’ombre des mathématiques


Je sais, c’est dramatique.
Mais, pendant les heures de cours de cette spécialité ésotérique, mon esprit prenait la tangente. Plus jeune, j’ai appris les tables de multiplication comme des récitations : savoir compter sans calcul, j’y trouvais une implication.

J’entendais dire "c’est logique, il n’y a pas d’équivalence." Puis, vint l’algèbre qui m’a vite abrégé. J’essayais de garder une contenance, une certaine appartenance au groupe.

Mais, en maths, c’était la non-appartenance. Je tentais l’inclusion ; définitivement, c’était la non-inclusion. Stoppé à toutes les intersections, je ne parvins jamais à la réunion. J’étais exclu de l’ensemble. Loin du cosinus, hors du cercle, on me nommait cosécante.

Des conséquences, il y en a eu. Ma préférence va plus à l’allégorie qu’à l'algorithme. Je trouve souvent la porte de l’arithmétique plutôt hermétique. Pourtant amateur de symbolique, collectionneur de cartes trigonométriques, je restais toujours celui avec le plus petit dénominateur commun.

Sans doute trop primaire, pas assez binaire pour eux. Je suis le différentiel, infinitésimal j’espère, du groupe dont je suis l’abstraction. L’infini est réducteur et non vectoriel, intégral et non statistique.

L'indéfini est littéral et non littéraire, ou le contraire : booléen, donc.

Voilà des probabilités, des théorèmes, des courbes et des schémas, reliés entre eux par la seule chose qui les fait vivre : le questionnement. C'est une analyse purement rhétorique et non scientifique qui frôle follement la philosophie.

Pour moi, la logique ment, par pur opportunisme, intentionnellement. Elle ne me révèle pas sa vraie nature : sarcastique, despotique et donc mathématique, démontrable et probablement démontée. Eden ou enfer, sélection surnaturelle, aberration surréaliste des esprits scientifiques, la galaxie mathématique est lointaine, très lointaine.

J'ai beau m'approcher, m'accrocher, rien n’y fait, ça reste flou, et pas du tout artistique… Pour moi, c'est pas mathématique… c'est problématique.

José Spéret ("Faire mieux la prochaine fois", ouvrage à paraître).

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