samedi 19 mars 2011

Lecture en partage

Citation du jour
"L'histoire est composée de ce que les hommes font contre leur propre génie." (Alain)


Le Front russe
de Jean-Claude Lalumière aux éditions Le dilettante




Le grain de sable, on croit le connaître, mais il peut prendre bien des aspects. Celui qui vient soudainement gripper la carrière de fonctionnaire diplomatique, benoîte et prévisible, du héros du Front russe, formé à l’exotisme par une lecture méticuleuse de Géo, adopte celle d’un attaché-case. Grande chose noire et anguleuse, cadeau de maman. À l’heure de l’entrée en fonctions, un chef de service vient y donner du genou. En découle une lésion au front assortie d’une mutation sèche, aux confins de l’empire, sur le « front russe », service voué au « pays en voie de création – section Europe de l’Est et Sibérie ». Usant de cette officine diplomatique (située dans le néo-XIIIe, « sorte de Broadway faussement high-tech ») comme base opérationnelle, notre homme va répondre à une rare vocation de gaffeur lunaire et de planificateur de catastrophes, plus désopilantes les unes que les autres, qui renforceront l’exil de notre homme sur le «  front russe  », entre Boutinot, le chef de service, Aline, fugace maîtresse et quelques collègues improbables. Notre homme, frustré dans son désir d’horizon (« J’avais l’impression d’être loin sans être ailleurs »), se résignera à ce bout de quai qu’est sa carrière de fonctionnaire (« Je vis et il ne se passe rien »). Mot de la fin, signé du même : « L’histoire d’une vie, c’est toujours l’histoire d’un échec ». Le livre, lui, est une vraie réussite… Rire garanti…

C'est l'histoire d'un mec...  qui a réussi le concours des Affaires étrangères, sa mère lui offre un attaché-case modèle kakemono. Ce cadeau sera à l'origine d'une mise au placard suivie d'aventures rocambolesques du jeune fonctionnaire envoyé dans un service kafkaïen et décentralisé du Quai d'Orsay.
Ici, le Front russe  désigne les bureaux qui s'occupent des "pays en voie de création – section Europe de l’Est et Sibérie." Jean-Claude Lalumière conte les pérégrinations d'un jeune homme débarqué de sa province fraîchement diplômé, qui sombrera très vite de désillusion en désillusion. Ce roman caustique est vraiment très drôle... et  l'apex en est la scène du pigeon, qui est une merveille de jubilation. Par les temps qui courts c'est rare et bon à prendre.
José Spéret (Lire aussi bien la prochaine fois)  

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